J’ai honte et même couvert de honte
Cette image qui nous vient de Gaza va s’inscrire dans les annales de l’histoire. Jugeons-en ! Un jeune Palestinien marchant dans un paysage dévasté, saccagé, avec un petit sac contenant un semblant de nourriture, qu’il vient d’arracher à ces paquets largués du ciel. Il marche à pas rapide. Soudain, une balle l’atteint. Il tombe, puis fait un effort, se relève, essaie de marcher, en titubant. Une autre balle, il s’effondre, tente de redresser la tête, comme pour demander du secours. En guise de secours, une troisième balle le cloue définitivement au sol.
À ce moment précis, nous voyons une horde de chiens s’avancer, le premier qui arrive renifle le cadavre. Nous tremblons, horrifiés. Imaginant ce qui va suivre. Angoissés, nous nous préparons au pire. Dieu merci, à ce moment fatidique, la caméra s’est éteinte. La caméra avait honte !!
Complicité entre l’homme et le chien
Pourquoi le sniper qui a tiré sur ce jeune homme, pour le tuer, n’a pas tiré sur les chiens pour les éloigner du cadavre ? N’y a-t-il pas quelque part une complicité entre l’animal et le soldat ? Une connexion de pulsions grégaires, entre l’animal et l’homme pour que l’un tue et l’autre dévore ? J’avoue notre immense désarroi. Nous sommes confrontés à la question terrifiante : l’humanité peut-elle se conjuguer avec les instincts canins ? Canaillerie rejoint-elle chiennerie ? Nous avons déjà vu des vidéos montrant des chiens qui se repaissent de la proie palestinienne, alors que d’autres courent, qui avec un bras, qui avec une main, et je m’arrête là.
Comment en sommes-nous arrivés là ? On n’a pas attendu le grand Camus pour s’écrier : Un homme, ça s’empêche !
Jamais nous n’aurions pensé, un jour, que le crime pulvérise tant de signes civilisationnels, afin de revendiquer, insolemment son droit, à se vautrer dans le stupre et l’abject !
La caméra témoin irréfutable
Le contraste est terrible entre ces scènes qui, nous viennent du fin fond des labyrinthes primitifs de l’histoire et cette caméra qui les filme. N’est-elle pas si sophistiquée qu’elle nous projette en pleine modernité, aussi bien technologique qu’intellectuelle !
La caméra, dans cette circonstance particulière, s’improvise œil et conscience de l’homme, elle ne peut donc qu’être témoin fidèle. Tout en se livrant à ce voyeurisme indécent. Elle se braque sur la complicité entre le chien et l’homme ! Et introduit délibérément ces images dans notre intimité.
De telles obscénités ne sont-elles pas transmises pour nous avertir que notre monde est en pleine dérive, que la barbarie s’apprête à prendre d’assaut nos forteresses morales ?
Tout cela n’est-il pas filmé à notre intention, pour nous avertir que l’ordre moral tangue, tel un Titanic qui chavire. Tout cela ne crie-t-il pas, haut et fort, que ce qui se passe à Gaza, n’est que le prodrome de l’abîme dans lequel l’humanité donne tête baissée ?
Le ministre et les animaux humains
Le ministre de la Défense israélien a qualifié les Palestiniens « d’animaux humains ». Est-ce pour nous préparer à voir ces Palestiniens animaux, dévorés par d’autres animaux ? Une telle déclaration n’inaugure-t-elle pas le règne de la jungle humanité chiennerie ? Ceci ne plante-t-il pas le décor pour que ces chiens errants se régalent de ces victimes inertes ?
Qui nierait un seul instant, que notre conscience morale est transgressée, déchiquetée par la connivence des instincts devenus communs, entre l’homme et le chien.
N’y a-t-il pas là matière à réflexion pour ces écrivaillons, ces pseudo-philosophes qui soutiennent l’infâme ? Ces fieffés démagogues n’ont-ils pas à se rappeler le noble combat de ce grand philosophe, Bertrand Russell qui, avec d’autres esprits de lumière, créa le tribunal contre les crimes commis lors de la guerre du Vietnam.
Aujourd’hui, je suis sûr, que quelque part, des philosophes authentiques, des écrivains intègres, réfléchissent à un tribunal. Un tribunal qui dénonce avec l’énergie du désespoir la désacralisation du corps de l’homme, de la femme et de l’enfant lâchement servis aux chiens pour les dévorer et uriner dessus.
Non, no pasaran. Jamais un tel déshonneur n’échappera à la justice des Hommes et des Femmes.