Le taureau du marigot
Le maccarthysme : le mot est lancé. Mais, qui s’en offusque ? Tout un chacun le sait et agit en conséquence. Oser critiquer Israël, c’est s’exposer à l’accusation infamante d’antisémitisme. Ainsi, quand Israël bombarde, charcute femmes et enfants au vu et au su de tout un chacun, il ne faut pas se méprendre, c’est juste une illusion optique.
Là où se situe Israël, se situe vérité et impunité ! D’ailleurs, comment démentir ces géants qui arpentent la planète d’un pas résolu ? La tête dans les nuages de leurs certitudes flamboyantes. Comment désapprouver un peuple qui a reçu de la main de Dieu, la flamme sacrée de l’omniscience, de la vaillance et de la science infuse ?
Hélas, on ne peut que s’interroger : avec toutes ces lumières et les enfants d’Israël donnent tête baissée dans la boue ? Comment leur dire que ces chimères ne convainquent que leurs zélés serviteurs. Ces cabris, qui, chaque fois qu’ils entendent le mot Palestinien, se mettent à sautiller, en criant à tue-tête : Terroriste, Barbare !
Superman et sous-hommes
Soutenir qu’une vie vaut une autre vie, ceci est de l’antisémitisme avéré. On ne peut mettre sur un pied d’égalité Israéliens et Palestiniens. Ces derniers ne sont que des sous-hommes. Alors qu’Israël est une création divine de la lumière céleste !
Ainsi, une cohorte de larbins tisse, à n’en pas finir, des guirlandes de louanges, quémandant ne serait-ce qu’un petit rayon de l’astre brillant qui illumine le monde de la barbarie musulmane. Ces encensoirs des thuriféraires donnent le vertige à Israël. Par conséquent, Israël est ivre de puissance. Il plane dans son Éden. Il croque à belles dents toutes les pommes de tous les péchés. La servilité ambiante assure rayonnement et la complicité divine garantie impunité et immunité.
Israël, ensorcelé par sa beauté, dont la radiation s’étend au-delà de toute frontière, lui tracer un bornage est offensant. Depuis quand la grâce est astreinte à une limite ?
C’est dans ce contexte de radieuse sarabande que le 7 octobre intervient avec fracas. L’évènement, aussi terrible qu’il soit, ne fut qu’un miroir grossissant, où toute une nation se contempla. Le choc fut redoutable. Tout un peuple sidéré. Il réalisa à sa grande surprise qu’il est constitué d’hommes et de femmes qui ressemblent à s’y méprendre à tous les hommes, à toutes les femmes. Même noblesse de caractère, même petitesse d’esprit, même courage, même lâcheté.
Un tel abaissement est inacceptable. Ce monde qui s’est mis à l’envers sous l’effet d’un accident, il faut le remettre à l’endroit. Il est donc urgent de se réinstaller sur le trône de la suprématie absolue.
D’ailleurs, c’est l’occasion d’annexer cette terre sacrée. Ne fait-elle pas partie de la terre promise ? Nettoyons-la de ces animaux humains.
Chevaucher ce bas d’âne
Ainsi, la commotion de l’hécatombe du 7 octobre, qui aurait dû initier une révolution copernicienne, une rationalité salutaire du clos à l’ouvert, une conscientisation de l’inconscient narcissique et suicidaire, hélas, il n’en fut rien. C’est le messianisme qui reprend le dessus, en chevauchant son barda. Ce bât d’âne d’un autre âge. L’électrochoc se mue en un véritable appel du vide !
Dieu dit : que la lumière soit et la lumière fut. Israël dit : que la guerre soit et la guerre fut. Et voilà, dès les premiers jours, Israël va de surprise en surprise. Le Palestinien, considéré comme simple cafard, se révèle guerrier redoutable. Son drapeau et son Kéfié deviennent l’emblème de toute la jeunesse du monde et de la conscience de l’humanité !
Serions-nous étonnés si un tel magistral fiasco est au rendez-vous ? Bérézina militaire, moral en lambeaux, image dans l’abîme et j’en passe !
Aujourd’hui, Israël se retrouve dans la situation du taureau du marigot (Tawr addaya). Il s’agit d’un aphorisme marocain qui renvoie à ce bœuf enlisé dans un bourbier, faisant des efforts exténuants pour retrouver le large. Hélas, à chaque fois qu’il libère une patte, l’autre patte s’enfonce davantage dans la boue.