La Nakba Israélienne

Nakba, mot terrible qui renvoie au calvaire interminable d’un peuple. Ce mot est traduit par  « catastrophe ». Mais, celle-ci n’en donne qu’un sens étriqué. Il s’agit, dans l’imaginaire palestinien, d’un processus enclenché depuis 1948, qui n’est qu’exil, souffrance et drame absolu.

Cependant, l’arroseur est bel et bien arrosé. Nous voilà confrontés, aujourd’hui, à une Nakba d’un genre spécial, avec des connotations radicalement différentes. Il s’agit de ce que l’on peut nommer la Nakba israélienne.

Je m’explique : le projet sioniste à la veille du 7 octobre a atteint son apogée de puissance conquérante. Il ne s’assignait plus de « frontières » à son expansionnisme. Les Arabes se faisaient tout petits et faisaient la queue leu leu pour une normalisation prétendument salvatrice. De son côté, l’Occident faisait les yeux doux, les stars et les célébrités défilaient et pleurnichaient devant le mur des lamentations.

Village Potemkine et Bérézina

Huit mois après le 7 octobre, tout cela n’est que village Potemkine. La Bérézina à facettes multiples : militaire, morale, aura, légitimité, tout s’effondre. Et, c’est là, la Nakba israélienne, dont la spécificité retient toute notre attention.

 L’israélien et le palestinien se retrouvent chacun avec sa Nakba. Voyons de quoi ces Nakba sont-elles distinctives l’une par rapport à l’autre. Une petite comparaison analytique est lourde d’enseignements.

Qui nierait que la Nakba palestinienne fut infligée à ce peuple, par le bourreau israélien ? Par contre, la Nakba israélienne est infligée à Israël par son propre aveuglement narcissique.

La Nakba israélienne est quelque chose d’inédit, dans les annales de l’histoire. C’est la première fois, qu’une armée réputée invincible, écrasant rageusement sa victime, emportée par sa passion, perd tout contrôle et mitraille ses propres pieds.

Israël est aujourd’hui paraplégique. Et il n’y a pas de remède. Les prothèses sont réservées aux peuples broyés, qui revendiquent leurs droits. Mais, jamais à ceux qui dédaignent le droit !

C’est cela la Nakba israélienne, aggravée par ces facteurs déclenchant :

  • Hamas, en menant son assaut le 7 octobre, ne réalisa pas qu’il fut en train de chambouler un ordre. Le lendemain, Israël, traumatisé, se ressaisit sous les encouragements et la sympathie du monde.

Détruire AMALEK

  • Et le voilà en guerre. L’opportunité rêvée de récupérer Gaza et l’évacuer de sa population. Tous les moyens sont bons : destruction, transfert, saccage, torture, famine et j’en passe. Bref l’innommable dans toute sa laideur abjecte.

Huit mois plus tard, l’armée, la plus morale, n’a que fosses communes qui s’amoncellent sur sa poitrine, en guise de médailles. La résistance mène son combat en s’accrochant bec et ongles à la terre sacrée. Celle-ci ne doit en aucune façon être souillée par ce fantôme, qui émerge du fin fond de l’histoire, avec la mission de détruire Amalek.

La conscience juive est vivement secouée par tant d’atrocités. La jeunesse se mobilise pour dénoncer l’infâme. Par conséquent, le keffieh et le drapeau palestinien deviennent emblème et garde-fous de l’humanité. L’image d’Israël est en lambeaux.

  • La reconnaissance de l’État de la Palestine, la cour pénale, la cour de la justice internationale, tout cela consacre le triomphe de la loi civilisatrice face à la loi de la jungle.

La damnation divine

Ces trois facteurs s’interactives, pour dessiner les contours de cette Nakba israélienne, qui a tous les ingrédients d’une damnation divine. L’interrogation pointe du nez : « N’avions-nous pas offensé Dieu, en commettant tant de crimes abominables ? N’avions-nous pas transgressé les commandements sacrés, en tuant, en volant sans vergogne ? N’avions-nous pas outragé Dieu, en prétendant qu’il nous avait promis cette terre, alors qu’il n’avait jamais cautionné une entreprise, favorisant un peuple tout en réduisant un autre à la misère ? »

Voilà les traits d’une Nakba, qui n’est que damnation éternelle. Tandis que la Nakba palestinienne est une vallée des larmes, un réceptacle de ressourcement pour restaurer une dignité bafouée.

 Aujourd’hui, les juifs antisionistes, sont invités à travailler côte à côte, avec leurs frères palestiniens, afin de bâtir une nation judéo-arabe, réellement démocratique et multiculturelle.

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